DE LA PRÉMATURITÉ

S’il y a une chanson que les enfants prématurés entonneraient bien à leur
naissance, c’est celle de Master KG - Jérusaléma (feat Nomcebo): le tube
planétaire Sud-africain, star de la pandémie Covid-19 où le monde entier et
beaucoup de professionnels de santé auront esquissé quelques pas de danse.
« Ngilondoloze - Uhambe nami - Zungangishiyi lana » serait ici l’hymne à la vie
de ces petits êtres humains complètement dépendants des autres & surtout du
système de santé environnant. Nous ne pouvons nous empêcher de refaire un
parallèle avec les insuffisants rénaux terminaux dont l’espérance de Vie dépend
du système de santé de leur pays de résidence. En 1982, le Centre Hospitalier
Universitaire de Yaoundé (CHUY) accueilla ses premiers bébés. Une des
mamans nous confia le rôle fantastique du Pr Joseph Mbede, de regrettée
mémoire et du Dr Marie Thérèse Obama (actuelle Ministre de la Promotion de
la Femme et de la Famille) ainsi que de leurs équipes. Elle évoque aussi des
jours d’angoisse avec ces propos de curieux bien pensant & passant: Etes-vous
s û r e s q u e l a c h o s e c i o u l a c h o s e l à v a v i v r e ?
Docteur Diomède Noukeu, notre consultant pédiatre spécialisé en
néonatalogie nous fait ici un état des lieux des plus fidèles de la situation de
ces nouveau-nés toujours aussi particuliers. « Zuhambe nami ».

A Chaque fois que nous prononçons le mot prématuré, c’est avec beaucoup
d’amertume. Dans notre contexte, 11 à 12% des naissances hospitalières sont
prématurées mais celles qui sont viables sont celles dès 25 semaines d’aménorrhée (SA).
Une SA signifie littéralement en jargon médical « l’absence de règles » chez la maman.

La prématurité peut être spontanée dans le cadre de grossesses multiples,
d’infections uro-vaginales, de malformation…Elle peut aussi être volontaire par décision médicale en cas de situation menaçant la vie de la mère et/ou du foetus. Nous prenons en charge les bébés prématurés dès 25 SA mais en réalité, ils ont plus de chance de survie après la 28ème semaine dans notre milieu.

Nos plateaux techniques marqués par l’absence de ventilation assistée,
d’alimentation parentérale (#alimentation intraveineuse avec nutriments), du fameux surfactant (substance tensioactive des alvéoles pulmonaires peu synthétisée par le prématuré) stoppent vite notre frénésie.

Les prématurés nés au Cameroun à défaut de couveuses en nombre bénéficient
de la méthode kangourou implémentée par le Ministère de la Santé via la Fondation Kangourou dans la majorité des formations sanitaires. La vulgarisation de cette méthode a débuté au sommet de la pyramide de la santé et s’étend progressivement à la base.

L’ensemble des praticiens et personnels médicaux oeuvrent pour la mise en
place des réseaux de périnatalité pour gérer au mieux le transfert de nos bébés si
fragiles. Beaucoup d’avancées ont été faites depuis lors, mais l’accès aux soins pour certains concitoyens - parents de prématuré reste un véritable sacerdoce. Les coûts d’hospitalisation en raison des séjours prolongés, l’impact psychologique et les séquelles de la prématurité (troubles de langage, infirmité motrice…) sont des fardeaux asphyxiants pour ces nouveaux parents très souvent abandonnés à eux-mêmes.

L’aventure est souvent pleine de satisfaction lorsque nous avançons lentement
mais sûrement vers la sortie de ces minuscules bébés devenus si grands. Et alors,
l’espoir renaît. Nous nous disons que bientôt, davantage de nos actions seront axées sur
la prévention par le meilleur suivi des grossesses & le transfert médical précoce de nos
précieux bébés.